#13. LE BRUIT DE L’ANGE
Qui est-il ce petit monstre malin qui s’interpose chaque jour entre elle et sa plume ? Il est là, tellement présent souvent qu’elle est incapable de se mettre à ce travail-là. Elle va, elle vient. Elle trouve toujours autre chose à faire. Pour quelqu’un d’autre. Pour la maison. Pour le jardin. Pour elle-même aussi. Et pour son travail. L’autre. Celui qui ne la satisfait plus mais fait bouillir la marmite. Celle de la maison. Tout donc, mais pas ça. Pas s’asseoir ici et confronter la page blanche et les mots qui pourraient s’y dessiner et y danser. Il y a toujours en effet cette petite voix malicieuse qui l’appelle ailleurs. Pourtant, elle l’a désormais cette chambre à elle qu’elle attendait tant et n’espérait plus. La pandémie en cours a bouleversé l’ordre des choses et ouvert ce nouvel espace où elle peut désormais s’isoler. Pourquoi est-il donc encore si difficile de s’adonner à cette tâche-là ? Qui donc refuse de lui accorder ce privilège-là ? Qui d’autre qu’elle. Ce serait donc elle l’ange du foyer qu’il lui faut tuer. Il est vrai qu’il ressemble fort au modèle qui lui a été donné. Celui d’une femme maitresse de la maison, qui la tient ainsi que sa famille, à la perfection. Qui jamais ne se pose et toujours s’assure que tout est bien à sa place. Mais quelle est sa place à elle ? Elle n’a pas eu jusque là le même parcours que cet ange-là. Elle n'est pas de la même génération. Leurs mondes sont différents. Et pourtant, à y regarder de plus près, il semble s’étendre et s’épanouir au travers des siècles et se transmettre insidieusement d’une génération à l’autre. Si elle a pu s’émanciper, avoir un travail, c’est seulement que l’ange est lui aussi sorti de la maison. Il l’accompagne désormais. Va-t-elle parvenir à tuer cet « angel in her mind » ? Faire taire à jamais sa petite voix chargée de reproches qui toujours remplit l’espace et la tient à distance de ce qui, de plus en plus, lui importe ? Il va lui falloir une volonté sans faille et aussi une belle dose d’égoïsme pour souffler sa lumière, risquer l’obscurité, avant que sa propre lumière ne lui indique le chemin.
Qui est-il ce petit monstre malin qui s’interpose chaque jour entre elle et sa plume ? Il est là, tellement présent souvent qu’elle est incapable de se mettre à ce travail-là. Elle va, elle vient. Elle trouve toujours autre chose à faire. Pour quelqu’un d’autre. Pour la maison. Pour le jardin. Pour elle-même aussi. Et pour son travail. L’autre. Celui qui ne la satisfait plus mais fait bouillir la marmite. Celle de la maison. Tout donc, mais pas ça. Pas s’asseoir ici et confronter la page blanche et les mots qui pourraient s’y dessiner et y danser. Il y a toujours en effet cette petite voix malicieuse qui l’appelle ailleurs. Pourtant, elle l’a désormais cette chambre à elle qu’elle attendait tant et n’espérait plus. La pandémie en cours a bouleversé l’ordre des choses et ouvert ce nouvel espace où elle peut désormais s’isoler. Pourquoi est-il donc encore si difficile de s’adonner à cette tâche-là ? Qui donc refuse de lui accorder ce privilège-là ? Qui d’autre qu’elle. Ce serait donc elle l’ange du foyer qu’il lui faut tuer. Il est vrai qu’il ressemble fort au modèle qui lui a été donné. Celui d’une femme maitresse de la maison, qui la tient ainsi que sa famille, à la perfection. Qui jamais ne se pose et toujours s’assure que tout est bien à sa place. Mais quelle est sa place à elle ? Elle n’a pas eu jusque là le même parcours que cet ange-là. Elle n'est pas de la même génération. Leurs mondes sont différents. Et pourtant, à y regarder de plus près, il semble s’étendre et s’épanouir au travers des siècles et se transmettre insidieusement d’une génération à l’autre. Si elle a pu s’émanciper, avoir un travail, c’est seulement que l’ange est lui aussi sorti de la maison. Il l’accompagne désormais. Va-t-elle parvenir à tuer cet « angel in her mind » ? Faire taire à jamais sa petite voix chargée de reproches qui toujours remplit l’espace et la tient à distance de ce qui, de plus en plus, lui importe ? Il va lui falloir une volonté sans faille et aussi une belle dose d’égoïsme pour souffler sa lumière, risquer l’obscurité, avant que sa propre lumière ne lui indique le chemin.